Dîner à Douarnenez Claude McKay

Cela faisait un moment que je voulais découvrir cette nouvelle de Claude McKay intitulée Dîner à Douarnenez. Les raisons de mon intérêt étaient doubles. J’ai découvert le mouvement de la Renaissance de Harlem il y a quelques années et j’essaye de lire les écrivain·ne·s qui furent membre de ce mouvement. J’ai donc découvert la poésie de Langston Hughes, le fabuleux roman Mais leurs yeux dardaient sur Dieu de Zora Neale Hurston, traduit par Sika Fakambi. Claude McKay fut cet autre grand écrivain que j’ai découvert et la vivacité de son écriture m’a marqué durablement.

L’autre raison est simple, j’ai voyagé, au même moment, à plusieurs reprises dans la ville de Douarnenez. J’ai un regard ambivalent sur ce port de pêche, l’admiration de son ancrage historique dans les luttes sociales, mais aussi sa dévastation par le tourisme de masse. À l’époque où Claude McKay séjourne à Douarnenez, l’authenticité de ce lieu est intact. Ce qui paraît inhabituel alors est plutôt la présence de cet homme noir, écrivain voyageur et infatigable militant anti-raciste. Ce que l’écrivain décrit est une histoire de rencontres où les enjeux tournent autour de la perception qu’ont les personnes blanches vis-à-vis des personnes noires.

Quelle que soit la tournure que prend le racisme, Claude McKay illustre parfaitement les méfaits de cette haine et prône une altérité joyeuse. Dîner à Douarnenez est édité ici avec une autre nouvelle intitulée Nigger Lover, où l’histoire est comme un miroir inversé à celle du premier texte. On y suit l’histoire d’une prostituée de Marseille, qu’on a affublé du surnom « l’amie des nègres » restitué plus violemment en anglais par Nigger Lover. On comprend mieux ce nom quand on découvre qu’elle a éprouvé une vive affection face à l’attitude respectueuse de l’un de ces clients noirs.

Contrairement au recueil de nouvelles de Langston Hughes que j’avais évoqué sur ce blog, Dîner à Douarnenez est édité avec respect et incite à s’intéresser à la littérature noire américaine. C’est un livre bien trop court, ça se lit rapidement, mais ça ne s’oublie pas si facilement. L’écriture de Claude McKay est riche et restitue la vitalité de son combat avec toutes les nuances possibles. Ma lecture n’a pas figé l’œuvre de Claude McKay dans un simple attrait pour un particularisme littéraire, parce que malheureusement, le combat d’un tel écrivain reste d’une tragique actualité.

Dîner à Douarnenez

Claude McKay

éditions Héliotropismes

Publié par

Adrien Meignan

Chroniqueur littéraire

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