Respire Marielle Macé

Notre époque met en péril le simple fait de respirer. Elle dépose cette action banale sur un fil fragile que les personnes sensibles auront à cœur de ne pas rompre. Marielle Macé en fait partie et explore dans Respire toutes les possibilités qu’offrent ce mot et cette action. Dernièrement, nous avons connu une multitude de faits qui ont mis en avant la respiration, que ce soit avec le I can’t breathe du mouvement Black Lives Matter, l’intoxication de l’air par les aggravations climatiques, mais aussi avec la crise du Covid. Marielle Macé propose un texte qui est toute à la fois une recherche littéraire, poétique, étymologique, intime, écologique et politique. L’autrice redonne du sens à nos respirations en y cherchant ce qu’il faut revitaliser. La lecture de Respire incitera autant à l’apaisement qu’à la mobilisation du vivant.

J’ai connu l’écriture de Marielle Macé avec Sidérer, considérer paru en 2017. Ce fut pour moi un véritable choc notamment avec cette trouvaille étymologique. Ce livre venait appuyer l’effort de compréhension de la crise de l’accueil des personnes migrantes qui sévit encore aujourd’hui. Je retrouve avec Respire cette manière toute particulière que possède Marielle Macé pour explorer des thématiques importantes. Nous ne sommes pas ici dans une démonstration universitaire, ni dans un manifeste politique. Il y a dans cette forme d’écriture une humilité de la découverte, comme si Marielle Macé réfléchissait au même moment de notre lecture du texte.

Cette humilité n’empêche pas une grande générosité du propos, creusant par tous les moyens les issues possibles de ce mot en crise. J’ai trouvé dans Respire des réponses et des envies. J’ai aussi rapproché mon vécu personnel aux mots de l’autrice. Il y a peu, j’ai fait un séjour à La Bernerie en Retz et c’était la première fois que je faisais un séjour avec moi-même, cherchant à respirer en dehors de l’étau que représente pour moi la solitude urbaine. Mon émotion à la lecture du livre de Marielle Macé n’a rien d’un hasard. Elle raconte notamment l’apaisement qu’elle trouve au contact de la mer, les vagues venant soulager son asthme. J’ai maintenant l’impression de partager avec elle et avec tant d’autres une issue pour l’apaisement, pour retrouver le souffle nécessaire à la vie.

La littérature est un acte de présence, disais-je dans une précédente note. La présence d’un travail littéraire comme celui de Marielle Macé est capable de consolider les liens que l’on tisse autour de nous. Pour moi, Respire est encore un livre venant me prouver la raison de mon attachement à la lecture. Il m’arrive parfois de vouloir y renoncer, voyant ici et là des lâchetés et des bassesses propres à n’importe quel milieu. Mon activité de chroniqueur n’a du sens qu’à travers le partage de ma réjouissance pour des livres comme Respire et pour tant d’autres livres déjà lus ou à lire. J’aime à entendre que la transmission avec d’autres lecteurices a fonctionné. C’est un peu comme œuvrer à une respiration commune.

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