Une météorite nommée désir Lucien Raphmaj

Le dernier roman de Lucien Raphmaj porte un nom rappelant le cinéma hollywoodien : Une météorite nommée désir. Le résumé incite tout de suite à penser que nous sommes bien dans une œuvre de fiction. Dans ce roman, la narratrice reçoit un SMS de la part d’une météorite qui lui annonce qu’elle va s’écraser sur terre. Les deux entités vont dialoguer et l’obsession va grandir chez la narratrice au fil du roman, qui est construit comme un compte à rebours. Le précédent livre de Lucien Raphmaj intitulé Contre-nuit (dont j’avais rendu compte de ma lecture ici) était un essai mêlant les genres, entre poésie et philosophie. Le masque que revêt Une météorite nommée désir ne doit pas faire oublier le lien qui existe entre ces deux livres. Ils expriment tous deux la même urgence.

Ce message que délivre le roman de Lucien Raphmaj est amené ici par une fiction pleine et entière. Déjà, les noms des personnages font penser à un conte oriental. Puis l’espace où se passe l’action n’est pas déterminé. Il peut ressembler à une ville moderne, avec la présence d’une bibliothèque où travaille la narratrice, mais rien n’indique qu’il s’agit vraiment de notre monde. Ce qui nous indique que le roman nous est destiné se trouve tout autre part, dans la description de cette relation obsédante qu’entretient la narratrice avec la météorite avec laquelle elle échange par SMS. La conclusion touchera chaque lecteurice en évoquant l’urgence de retrouver le lien avec la nuit et le cosmos, sans pour autant révéler une conduite bien précise.

Je trouve le travail littéraire de Lucien Raphmaj passionnant à plus d’un titre. Il est d’abord un lecteur avant d’être un écrivain qui s’engage dans une voie inédite. C’est une forme d’engagement à contre-courant, qui perçoit la résistance au capitalisme par un intérêt porté à l’aveuglement qui vient meurtrir toujours plus nos solitudes. Dans Une météorite nommée désir, il est possible de trouver une voie permettant de résoudre les blessures que nous inflige notre époque. J’ai appris en lisant la biographie, proposé par les Éditions de l’Ogre, que Lucien Raphmaj fait partie d’un collectif formé autour de la « désidération » et ce projet va plus loin que la littérature et l’art en général.

Quand j’ai découvert Lucien Raphmaj, je pensais que son travail parlait directement à ma sensibilité. Je suis maintenant persuadé qu’il parle à n’importe quelle sensibilité. Lucien Raphmaj fait partie de ses écrivains qui viennent combler l’espace entre le combat politique et une pratique artistique qui ne se perd pas dans un didactisme militant. On ne peut pas reprocher à Une météorite nommée désir d’être un roman fabriqué hors des luttes pour l’émancipation ni d’être un programme partisan. C’est une œuvre pleine et entière, qui apporte à sa façon des solutions que trouvera n’importe quel·le lecteurice. En cela, le projet littéraire de Lucien Raphmaj est pleinement ouvert autant aux interprétations qu’à la multitude des vies possibles.

Une météorite nommée désir

Lucien Raphmaj

Éditions de l’Ogre

Publié par

Adrien Meignan

Chroniqueur littéraire

Laisser un commentaire