Commentaires Nicolas Richard

La nouvelle partition de Nicolas Richard parle beaucoup de football, mais aussi de philosophie et de littérature. Je parle de partition, car on ne peut pas désigner ce que propose le poète avec Commentaires de livre de poésie ni même de recueil. D’ailleurs Commentaires traite des trois thèmes que j’ai cité, mais ce n’est pas le cœur de son projet. Commentaires parle de commentaire. Mais est-ce que la partition parle ? Est-ce qu’elle émet une parole propre ? Pas vraiment non plus, car Nicolas Richard a trouvé son matériel textuel principalement dans d’autres livres, ceux de Hegel, de Mallarmé ou bien aussi sur Internet. Ce qui parle le plus, c’est la retranscription écrite des commentaires de la finale de la coupe du monde de football du 9 juillet 2006 opposant la France à l’Italie.

Il est donc bien question de Football dans Commentaires, mais je persiste à dire que ce n’est pas le cœur du projet de Nicolas Richard, c’est son canevas ou son moteur. On peut même parler de prétexte. Ce qui pousse à créer est souvent un prétexte, mais cela n’amène pas forcément à un texte. Ici, il y en a un, mais ce n’est pas ce qu’il faut retenir. Il faut retenir que la finale de la coupe du monde de 2006 a poussé Nicolas Richard à imaginer une performance, car c’est son activité : Nicolas Richard est performeur. Je l’avais d’ailleurs interviewé après l’une de ses performances qu’il avait faite le mercredi 9 octobre 2019 durant le festival Midi-minuit poésie à l’invitation de la maison de la poésie de Nantes au restaurant social Interlude.

Nous nous étions retrouvé pour l’interview le lendemain, jeudi 10 octobre 2019, dans les locaux de Pol—n qui s’écrivait encore à l’époque Pol’n. C’était dans le cadre de mon précédent blog qui s’intitulait Des mots sur l’éphémère mouvement. Mon précédent blog était consacré au théâtre et j’avais pour ambition d’interroger les liens entre poésie et théâtre. Quand j’ai su que Nicolas Richard était invité par la maison de la poésie de Nantes, j’ai d’abord cru qu’il s’agissait du traducteur et romancier du même nom. J’ai vite compris que c’était un poète performeur venant de Rennes et que les deux étaient homonyme. Le lien du poète performeur Nicolas Richard avec le théâtre est la Cie Lumière d’août dont il est membre. Il raconte tout ça dans l’interview que l’on peut retrouver sur ce blog, je ne vais m’épancher sur le sujet. Par contre, il n’a aucun lien avec le métier de traducteur.

Pour revenir à Commentaires, il s’agit donc d’une partition qui est construite avec les commentaires du fameux match où Zinedine Zidane a mis un coup de boule dans le thorax de Marco Matterazzi. Je me souviens de cette affaire qui avait fait grand bruit. Ce fait médiatique avait été le prétexte lui aussi de beaucoup de textes et de commentaires. Nicolas Richard s’empare donc d’un épisode déjà très commenté. On devine tout de suite que son but ne sera pas d’éclairer cette affaire. Il s’en empare pour développer une mise en abîme du commentaire où ceux des présentateurs commentant le match et ceux d’autres personnes viennent s’entrechoquer produisant une spirale infinie de commentaires. Je tiens à avertir qu’il ne faut pas lire Commentaires comme on lirait du Mallarmé ou du Hegel, car c’est une partition issue d’une performance comme je l’ai déjà dit.

Les Éditions Vroum, c’est-à-dire Garance Dor et Vincent Menu, en proposent un livre. La performance est ici restituée en partition. Mais celle-ci n’est pas simplement une restitution écrite de ce qu’a fait Nicolas Richard avec la soprano Bianca Iannuzzi. C’est un objet ayant la forme d’une partition ou d’un cahier de vacances. Je parle de cahier de vacances, car dans Commentaires, il y a des exercices qui sont plutôt des propositions faites au lecteurices pour interagir avec la création de Nicolas Richard. Le livre n’est pas un objet culturel quelconque. Il est conçu pour être une transmutation de la performance vivante en restitution sur papier de la vitalité de la performance. Je ne pense pas trop m’avancer pour dire que Commentaires n’est pas unique, il est désormais multiple et existe en autant de formes qu’il y aura des lecteurices de cette partition.

Commentaires Nicolas Richard

Éditions Vroum

2022

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